Retour sur le Congrès HR d’octobre à Paris
Verbatim de la Session 5 : « Gratitude et attention :
comment déployer les nouvelles formes puissantes de connaissance ? »
Vincent Prolongeau, Ex-senior VP Juice & Vegetables de Pepsico :
« Le bien-être ne doit pas se résumer aux actions que l’on met en oeuvre après tout le reste, s’il reste de l’argent, ce doit être un socle incarné par le management et plus particulièrement par le middle management, plus crucial en termes de performance que le top management.
L’enquête Great place to work a été une manière pour nous de nous comprare, mais surtout d’envoyer un message à tous: nous attendons de tous les niveaux managériaux qu’ils donnent vie à nos engagements de promotion du bien-être. »
« Le bien-être ne doit pas être perçu comme une concession syndicale, mais comme un outil d’efficacité managériale et personnelle, pour réussir à tirer le maxi professionnel des individus. »
« De la même manière que l’on se préoccupe du burn-out, il faut être attentif au bore-out, au trop plein d’ennui au travail : le bien-être se situe au milieu. »
Rebecca Shankland, psychologue, maître de conférence en psychologie à l’université de Grenoble-Alpes :
«La gratitude génère une émotion positive, qui a des effets physiologiques et cognitifs.
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses études ont permis d’identifier les mécanismes induits par la gratitude. Elle apporte plus que des émotions de joie, elle facilite et amplifie la remémoration des souvenirs agréables. Par exemple, lorsque l’on note trois éléments agréables tous les jours, le ressenti positif est accentué au bout de 15 jour, avec une capacité plus forte de l’individu à repérer et mémoriser ces émotions positives et, de fait, une tendance à se sentir plus heureux.
La gratitude renforce l’estime de soi : au lieu, classiquement, de repérer ce qui ne va pas, on identifie les éléments positifs.
La gratitude renforce enfin le lien social, quand l’individu repère que d’autres améliorent le bien-être, cela lui procure une forme de reconnaissance et d’appartenance.
Illustration avec une population de personnes atteintes de cancer, qui ont rédigé un journal de gratitude durant 14 jours, notant quotidiennement les aspects positifs. In fine, leur sentiment d’angoisse et isolement se réduit, alors que l’environnement n’a pas changé (personnels, soins, visites, etc.) »
«En générant des émotions positives, les individus tendent à percevoir avec plus d’acuité leur environnement et ont accès à davantage de ressources intrinsèques. »
« Il y a une accoutumance à la gratitude, qui en réduit les effets. Il ne faut donc procéder tout le temps de la même manière : journal de gratitude, lettres de gratitude, événements ou discours valorisants. En essayant d’être précis, circonstanciés, sans tenir de propos trop génériques, dont l’effet serait amoindri. »
Vincent Prolongeau : « Notre système d’éducation en France ne favorise pas la reconnaissance naturelle, il y a un fort contraste avec les Etats-Unis. L’adage « Qui aime bien châtie bien », prisé par de nombreux managers, est totalement contre-productif.
On a tendance à considère que quand on critique, on est authentique et quand on reconnaît, on n’est pas sincère. Or l’introduction chez Pepsico France d’une culture de la reconnaissance, est très efficace ; les salariés se sentent reconnus, publiquement de surcroît, et avec emphase, ce qui est un encouragement pour les salariés à reproduire les comportements ayant donné lieu à cette reconnaissance. Mais l’importation dans l’entreprise suppose une équité sur les critères de reconnaissance, pour éviter que cela soit utilisé comme un outil d’autorité et de sanction positive. »
Yves Le Bihan, conférencier, président de l’IFLP :
« L’IFLP a mené une étude sur la gratitude au travail avec le concours de plusieurs grandes entreprises, telles que Danone, l’Oréal, ou April. Un groupe de salariés devait écrire des lettres de gratitude quotidiennes. Par rapport au « groupe control », ceux qui ont pratiqué la lettre de gratitude durant 9 semaine, ont développé des sentiments d’empowerment, d’appartenance et déclaré des niveaux de performance supérieurs, avec un sentiment de bien-être accru et une diminution de symptômes physiques (déclarée). »
L’auditoire de la session 5 a participé à un atelier organisé par l’IFLP, en quatre étapes : écrire trois bienfaits ou services reçus ces derniers mois ayant généré de la gratitude ; rédiger une lettre de gratitude envers une personne pour un bienfait particulièrement marquant ; lire sa lettre à son voisin dans une posture de monologue vs écoute ; plancher à 4 ou 5 sur la transposition de cette méthode à l’entreprise (entretien annuel, conduite de réunion ou développement de compétences managériales…) un atelier atypique et décapant !
Source: AEF