Nous avons tous des personnes vers qui nous tourner pour demander conseil. Certaines sont des amis ou la famille, certaines sont des inconnus qui nous inspirent à travers leurs publications. Elles semblent savoir mieux que la plupart d’entre nous ce qu’il faut dire ou faire dans des situations parfois difficiles.
Deux livres récents publiés en anglais, « The Wisest One in the Room », de Thomas Gilovich et Lee Ross, et « Friend & Foe », de Adam Galinsky et Maurice Schweitzer, s’appuient sur la recherche en science sociale pour mieux comprendre la psychologie humaine. Ils nous guident vers des actions empruntes de sagesse tant au travail que dans la vie en général.
D’après Gilovich et Ross, tous deux psychologues renommés en sciences sociales à Cornell et Stanford, la sagesse ne vient pas seulement de la connaissance, mais aussi de la perspicacité et de la qualité de ses propres jugements. Ceux-là même qui dépendent de notre capacité à comprendre les émotions des autres, leur motivation, leur peur, leur espoir.
Quand la réalité n’est que l’image à travers le filtre de nos perceptions.
Nous sommes aveugles à nos propres biais de perception, alors que nous croyons être objectifs et précis dans nos analyses. Par exemple, nous étiquetons les autres de mauvais caractère lorsqu’ils sont désagréables, sans penser un seul instant à l’influence des facteurs environnementaux sur leur comportement. L’ensemble de ces biais fondent un « réalisme naïf » selon les auteurs qui met en danger nos relations à autrui.
Si vous voulez être un sage, ne vous précipitez pas sur un jugement de la personne elle-même, mais observez et appréciez sincèrement les forces en présence qui influencent son environnement.
Le traitement par différents media d’une séquence vidéo identique va influencer la perception de ces images chez les spectateurs par exemple. Des sensations physiques comme le chaud ou le froid, la douleur, vont influencer l’interprétation de nos émotions. Nous aurons aussi davantage tendance à accepter une obligation si elle nous paraît concerner un futur éloigné. Bref, de nombreuses recherches démontrent la connexion entre notre mental et notre comportement.
C’est ainsi que la recherche en science sociale nous apprend que pour augmenter son bonheur, il convient de savourer des moments de vie, plutôt que d’augmenter ses possessions physiques. Donner aux autres nous rend plus heureux que de se faire plaisir. Notre « réalisme naïf » évoqué plus haut réduit notre capacité à faire des compromis et augmente donc le risque de conflit relationnel. Pour augmenter notre motivation à atteindre un objectif, nous devons lui donner du sens.
Pour construire une société meilleure et contribuer à notre échelle à son changement, nous devons d’abord apprendre à nous connaître, connaître nos biais de perception, pour ainsi gagner en sagesse.
Céline Simonnet Lafont