La gratitude est à la mode, avec son lot de défis et de hashtags qui fleurissent sur la toile. Cet enthousiasme est né du lien qu’a fait la recherche entre la gratitude et le bonheur, la santé et la qualité des relations.
Certains prétendent pourtant que la gratitude est égoïste et nourrit la complaisance. Elle nous inciterait à nous satisfaire de notre état actuel sans chercher à nous améliorer ou à oeuvrer pour aider la collectivité. Mais une recherche menée par Christina Armenta et Sonja Lyubomirsky suggère le contraire.
La gratitude est l’étincelle qui nous pousse à nous améliorer
Une étude de 2011 de Robert Emmons and Anjali Mishra a prouvé que les gens se sentent motivés et plein d’énergie quand ils éprouvent de la gratitude. Dans cette étude, les étudiants devaient soit relever leurs gratitudes, soit leurs obstacles, soit écrire sur un sujet neutre, chaque semaine pendant 10 semaines. Ceux qui étaient dans le groupe « gratitude » ont davantage progressé vers leur objectif.
En 2006 Monica Bartlett et David DeSteno ont induit la gratitude chez certains participants (ils ont reçu de l’aide d’un tiers) et ceux-là ont ensuite fait plus d’effort pour aider à leur tour. Que cette aide soit dirigée vers le tiers concerné ou vers un parfait inconnu ! Ce n’est donc pas seulement un « renvoi d’ascenseur ».
La gratitude nous motive vers la mise en action positive, mais comment et pourquoi ?
Christina Armenta et Sonja Lyubomirsky ont identifié dans leur recherche 4 chemins empruntés par la gratitude pour motiver les personnes à s’améliorer eux et leur communauté.
- La connexion : la gratitude (sous la forme du souvenir d’une expérience de gratitude ou de la rédaction d’une lettre de gratitude) nous amène à réfléchir sur nos relations et nous pousse à prendre conscience du lien fort qui nous connecte aux autres. Ce réseau sur lequel nous pouvons compter augmente notre confiance en notre capacité à réussir. On se sent inspiré, encouragé et on a envie de s’améliorer aussi pour être à la hauteur de ce réseau.
- L’élévation : mot scientifique pour décrire cette chaleur que l’on ressent dans notre cœur et cet enthousiasme lorsque nous sommes témoin d’un acte fort de gentillesse. La gratitude nous fait ressentir cette élévation qui à son tour nous motive vers notre propre amélioration. À l’occasion d’une étude sur 4 semaines, des collaborateurs d’une grande entreprise ont écrit une lettre de gratitude hebdomadaire adressée à une personne qui les avait aidés. Comparé à ceux qui ne devaient lister que leurs activités de la semaine, tous ceux qui ont écrit la lettre de gratitude ont ressenti cette élévation, ont amélioré leur productivité et se sont sentis plus autonomes à la fin de l’étude.
- L’humilité : exprimer notre gratitude nous oblige à reconnaître que nos succès dépendent aussi en partie des actions d’autres personnes. Notre attention n’est donc plus centrée sur nous, mais se tourne vers notre environnement. Cela nous motive vers une attitude positive dans la vie, comme aider les autres, s’améliorer ou retourner une faveur à quelqu’un qui nous a aidé.
- L’endettement : certaines émotions qui accompagnent la gratitude sont moins plaisantes, comme le sentiment de devoir quelque chose à quelqu’un. Réfléchir à ce que l’on doit aux autres peut nous faire sentir redevable ou coupable de ne pas avoir remercié plus tôt. Mais c’est aussi un facteur de motivation pour se rendre digne de l’aide reçue (de la dette supposée).
Les preuves s’accumulent donc pour démontrer que la gratitude est bien une source de motivation dans la vie. Ces émotions de connexion, élévation, humilité et endettement qui sont des conséquences de la gratitude, nous motivent à augmenter nos efforts dans notre travail, notre communauté et nos relations pour atteindre nos objectifs de vie.
La gratitude n’est donc pas une simple clé du bonheur, mais elle est un moteur puissant pour apporter notre meilleure contribution au monde qui nous entoure.
Céline Simonnet Lafont – Guide du Bonheur au Travail