La patience est une vertu bien connue mais souvent mise à l’épreuve car elle dépend notamment de notre état et du contexte dans lequel nous sommes.
Elle s’exprime généralement plus facilement dans notre sphère privée : attendre la guérison d’une blessure contraignante, répondre aux énièmes « pourquoi ? » de son enfant, patienter avant la sortie du dernier tome d’une grande saga littéraire, etc. Néanmoins, il semble plus difficile d’en faire usage dans l’espace public : klaxonner dans les bouchons parisiens, râler devant la lenteur d’une file d’attente, s’agacer devant l’incompréhension de son stagiaire… Et pourtant, cette vertu est essentielle à notre vie quotidienne et semble être aujourd’hui une des clés du bien-être. Après les religieux et les philosophes, ce sont les chercheurs en sciences humaines et sociales qui se sont mis à l’étudier. Que peuvent-ils nous en dire ?
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Les gens patients bénéficient d’une meilleure santé mentale
Selon une étude menée par Schnitker & Emmons (2007), les personnes usant de patience régulièrement sont moins enclines à la dépression et aux émotions négatives. Elles gèrent mieux les situations stressantes et la colère. Elles s’évaluent comme étant plus conscientes, plus reconnaissantes et ont un profond sentiment de connexion avec l’humanité.
En 2012, Schnitker a cherché à affiner notre compréhension de la patience, admettant qu’elle comporte différentes dimensions. Une de ces dimensions est la patience interpersonnelle ou dirigée vers autrui. Dans une étude menée auprès de 400 étudiants, elle a constaté que ceux étant plus patients avec les autres, avaient également tendance à être plus optimistes et plus satisfaits de leur vie.
Une autre dimension de la patience consiste à évoluer à travers les événements difficiles de la vie sans faire preuve de frustration ni de désespoir. Elle concerne notamment un chômeur remplissant constamment des demandes d’emploi ou un malade dans l’attente que son traitement fonctionne. Ce type de patience que l’on peut qualifier de courageuse est fortement lié au sentiment d’espoir.
Enfin, la dernière dimension renvoie aux conflits et tracas quotidiens : le bug informatique, la file d’attente à l’épicerie, etc. Ce type de patience semble aller de pair avec la bonne santé psychique et la diminution du risque de dépression.
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Les gens patients sont de meilleurs amis et de meilleurs voisins
Dans la relation aux autres, la patience devient une forme de bonté. Elle peut impliquer un certain inconfort personnel pour alléger les souffrances de l’autre (ex : réconforter jour après jour un ami suite à un chagrin d’amour). Dans une étude de 2008 menée par Comer & Sekerka, des participants ont été placés par groupe de 4 et il leur a été demandé de verser de l’argent dans un pot commun, somme qui serait alors doublée et redistribuée. Une incitation à l’avarice a été introduite dans le jeu, mais les gens les plus patients ont été ceux ayant le plus contribué au pot commun. Ce genre d’altruisme a été retrouvé dans les 3 types de patience mentionnés plus haut, et est positivement corrélé à des attributs personnels caractérisés par la chaleur, la gentillesse et la coopération.
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La patience nous aide à atteindre nos objectifs
Dans son étude de 2012, Schnitker a montré que les étudiants patients déployaient plus d’efforts que les autres étudiants pour atteindre leurs objectifs. En effet, cela demande parfois du temps d’atteindre un but que l’on s’est fixé : une prise de conscience, une compréhension, une imprégnation, une maturation, un travail progressif.
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La patience est liée à la bonne santé physique
L’étude de la patience reste un sujet à explorer mais certains éléments sous-tendent l’idée que celle-ci est bonne pour notre santé. Schnitker et Emmons (2007) ont constaté que les gens les plus patients étaient moins susceptibles de développer des problèmes de santé tels que les maux de tête, l’acné, les ulcères, la diarrhée et la pneumonie. D’autres recherches montrent que les personnes de nature impatiente et irritable ont tendance à développer plus de problèmes de santé mais aussi de sommeil. Si la patience peut réduire notre stress quotidien, il est raisonnable de penser qu’elle pourrait également nous protéger contre les effets néfastes du stress sur notre santé.
Alors quelles sont les stratégies pour développer cette vertu ?
- Ré-envisager la situation : votre collègue est en retard à la réunion, au lieu de pester contre son manque de respect, choisissez d’utiliser ce temps comme une bonne occasion de lire un article ou de reprendre vos notes.
- Pratiquer la pleine-conscience : quand la colère monte, prenez une grande respiration et observer les émotions qui vous envahissent sans les juger.
- Faites preuve de gratitude : exercez-vous régulièrement en exprimant de la reconnaissance envers ce que vous avez aujourd’hui, vous serez moins frustrer par l’envie d’obtenir plus et mieux immédiatement.