Vous êtes de plus en plus nombreux en entreprises, dans les administrations ou les ONG à vouloir lancer un programme de mindfulness (ou pleine conscience) ou au moins mettre en place un pilote. Les preuves scientifiques des bénéfices d’une telle pratique de même que les expériences réussies se multiplient de mois en mois en France. L’Institut Français du Leadership Positif mène ses propres recherches scientifiques et accompagne les organisations dans la mise en place de tels programmes, fort de son expérience pionnière auprès d’une dizaine d’entre-elles et de plus de 400 participants. Voici, modestement, les enseignements que nous en avons tirés, en les classant en 2 catégories: les grands principes et les questions pratiques. Voyons les questions pratiques:
B/Les questions pratiques
Le public visé :
Privilégiez le volontariat et laissez faire le bouche à oreille. Notre expérience nous porte à penser que l’imposer à tous est contre-productif. Certains ne sont pas sensibles ou pas encore « prêts » bien que la mindfulness soit totalement laïque. Tout niveau hiérarchique, même si, selon la culture de votre entreprise, il peut s’avérer utile de faire un groupe à part dédié au Comité exécutif ou aux cadres dirigeants. S’assurer de l’intention sincère des participants, de leur engagement et de leur implication. Pensez aussi aux filiales, aux usines et pas seulement au siège.
La taille des groupes :
15 à 20 personnes semblent optimal, afin de profiter des partages d’expérience et de palier les absences de certains au cours du programme.
La fréquence :
Une pratique quotidienne est essentielle pour toucher les bénéfices. Nous recommandons un programme d’initiation sur 8 ou 10 semaines consécutives, avec entrainement entre les sessions grâce au matériel fournis la plupart du temps (guide papier, fichiers audio de méditation..) . D’autres programmes sont possibles: sur 4 demi-journées, espacés de 15 jours. Ou sur une ou deux journée le temps d’un séminaire. Sachez que le programme original de MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) est possible en entreprise, mais exige plus de temps: 8 sessions hebdomadaires de 2h30 à 3h plus une journée en silence.
La durée des sessions :
1h à 1h30 à l’heure du déjeuner ou en fin de journée, prises sur le temps de travail pour le programme d’initiation. Ensuite, un entrainement collectif hebdomadaire, à distance, de 30 minutes fonctionne bien.
Le format :
Il peux s’agir d’un programme en présenciel (à privilégier), ou bien à distance (via un webinar type webex ou en conférence téléphonique, par exemple pour les itinérants comme les équipes commerciales). La présence est cependant à privilégier.
L’étendue du programme :
Pour décliner une expérience à l’ensemble des collaborateurs partout dans le monde et obtenir un changement de fond, plusieurs options: Envoyer des émissaires de chaque région à un programme corporate central, puis maintenir l’entrainement à distance grâce aux nouvelles technologies. Ainsi, des sessions de méditation guidée via des conférences téléphoniques planifiées, ouvertes à des groupes de 20 personnes, est possible. Des trucs et astuces, lectures et autres videos sont envoyés régulièrement aux participants pour entretenir leur pratique.
Le lieu :
Nul besoin d’avoir une salle de méditation. Une salle de réunion au calme, dont les chaises et tables sont poussées, fait l’affaire. Investir dans des tapis de yoga (<10€).
L’instructeur :
Il nous semble impératif de faire intervenir un instructeur expérimenté (au moins 3 ans de pratique régulière et d’interventions en milieu professionnel, lui même étant issu de ce milieu, question de crédibilité et de choix des éléments de langage). Et formé par exemple par le Center For Mindfulness, fondé par Jon Kabat Zinn, à l’origine du programme phare: Mindfulnesss Based Stress Réduction (MBSR) dont sont souvent tirées les interventions basées sur la pleine conscience en entreprises. Pour les pays francophones, l’adhésion de l’instructeur comme membre actif de l’Association pour le Développement de la Mindfulness (ADM) est une autre garantie de la qualité de sa formation.
Et après ?
Quelle suite donner au programme ? plusieurs options: faire former un instructeur en interne, encourager les groupes de pratique en autonomie (pratiquer en silence dans une même salle, écouter ensemble des méditations guidées ou bien utiliser les applications pour smartphone comme Zenfie). Proposer aux premiers volontaires d’en parler autour d’eux. Et puis intégrer cette pratiques dans les processus de travail (démarrer une réunion, conduire un entretien de recadrage ou de fin d’année, gérer un conflit…). L’objection n°1 qui revient: « Cela me fait du bien mais je n’ai pas le temps de pratiquer… ». Si la pratique est « ritualisée » dans les processus de travail et de pause, incarnée par les dirigeants et managers, valorisée par la culture et raisonnablement compatible avec la charge de travail, il n’y a pas de raison de ne pas réussir à trouver 10 ou 20 minutes par jour pour s’entraîner. En dernier recours: la méditation 1 minute. Mais attention à éviter la « méditation fast food », à l’opposé de l’esprit de la pleine conscience.
En espérant que ces informations puissent vous aider si vous vous lancez.
L’équipe de l’IFLP