La clé serait «l’agilité émotionnelle»: être moins rigide et plus flexible avec nos pensées et nos sentiments.
Nous sommes tous passés par là: une forte émotion comme la colère ou la peur nous submerge et soudainement nous ne pouvons plus contrôler les choses que nous disons ou faisons, nous blessant nous et ceux qui nous entourent.
«Nous agissons comme des jouets à friction, nous cognant à plusieurs reprises dans les mêmes murs, sans jamais réaliser qu’il y a une porte ouverte juste à notre gauche ou à notre droite», écrit Susan David, psychologue à la Harvard Médical School, dans son livre « Emotionnal Agility: Get Unstuck, Embrace Change, and Thrive in Work and Life » (Avery, 2016).
Son livre est un guide sur les émotions les plus délicates de la vie: pas pour apprendre à les éviter mais pour apprendre à les traverser. Si nous avons le courage de le faire, soutient-elle, nous cultiverons des relations plus profondes et une vie plus authentique.
Les coupables qui se cachent derrière nos émotions difficiles
Quand nous sommes coincés, c’est-à-dire que nous sommes pris dans un sentiment particulièrement désagréable, il y a quelques coupables, écrit Susan David:
- La spirale des ruminations: Nous nous sommes enfermés dans une cascade de regrets à propos du passé, de soucis pour le futur ou de jugements sur nous-mêmes.
- Les vieux schémas: Nous répétons de vieilles pensées et de vieux comportements qui ne correspondent plus à la réalité actuelle, comme «Je m’étouffe toujours quand je dois prendre la parole en public» ou «Je ne suis pas assez bon pour lui».
- La vérité (enfin la nôtre): Notre besoin d’avoir raison conduit à des conflits avec les autres, plutôt que vers le pardon et la compréhension.
- Blâmer les pensées à l’origine des comportements: Parce que nous pensons certaines choses – «je m’étouffe toujours» – nous nous sentons obligés de prendre certaines mesures, comme d’éviter de parler en public. Nous ne parvenons pas à reconnaître que nous pourrions choisir un chemin différent.
Comment cultiver l’agilité émotionnelle
Pour réduire notre stress, nous devons d’abord être attentif et accepter nos sentiments, explique Susan David. Dans une étude, par exemple, les chercheurs ont constaté que les fumeurs réussissaient mieux à arrêter de fumer après avoir participé à un programme basé sur l’acceptation, l’observation et le détachement de leurs envies.
D’autres recherches montrent que les personnes atteintes d’alexithymie – qui ne peuvent exprimer leurs sentiments – ont une moins bonne santé mentale, des emplois et des relations moins satisfaisants et plus de douleurs. Et nommer vos sentiments n’est pas aussi simple que de dire «Je suis stressé», explique S.David; souvent, sous-jacentes de tels sentiments génériques sont des émotions plus inconfortables comme la frustration ou le désespoir.
Le but de l’identification de ces sentiments n’est cependant pas de nous culpabiliser. En fait, si nous voulons progresser à l’avenir, la meilleure approche est l’auto-compassion. Avec la clarté que cela apporte, nous pouvons essayer de comprendre ce que les sentiments nous disent, ce que nous pouvons apprendre de nos désirs, de nos limites ou de nos besoins.
Prendre du recul
Une façon d’avoir un peu de recul sur une émotion difficile est de la verbaliser: «J’ai la pensée que … je suis une mauvaise mère» ou «J’ai ressenti l’émotion de … la honte». En atelier, S. David invite un groupe de participants à écrire leurs insécurités les plus profondes sur un badge – «Je suis ennuyeux» ou «Je suis mal-aimé» – et de se présenter à tout le monde, comme si ils étaient à une soirée. D’une certaine manière, en mettant des mots sur nos sentiments, on leur donne moins de pouvoir.
Regarder notre situation difficile du point de vue d’une autre personne est une autre façon de prendre du recul. Par exemple, que penseraient mes amis? Ils ne diront probablement pas que vous êtes un employé incompétent et un mauvais conjoint. Finalement, en accueillant nos sentiments ainsi avec bienveillance, nous pouvons passer à côté des schémas automatiques concoctés dans nos têtes. Cela ne signifie pas qu’ils ne reviendront jamais, mais nous serons mieux préparés s’ils le font.
L’agilité émotionnelle nous aide à prospérer dans la vie, soutient David. Les émotions négatives peuvent être des indices de nos valeurs les plus profondes et des façons dont nous avons pu les renier. La solitude nous rappelle de prendre du temps pour nos proches, par exemple, et l’anxiété pourrait signifier que nous avons accepté trop de projets. Une fois que nous avons identifié ces incohérences, nous pouvons faire des petites corrections pour nous orienter dans la bonne direction: organiser un dîner hebdomadaire avec des amis, par exemple, ou décider de dire non aux engagements dans un proche avenir.
Finalement, nous pouvons accueillir nos sentiments, mais ne pas nous laisser gouverner par eux. « L’agilité émotionnelle consiste à choisir comment vous répondrez à votre système d’alerte émotionnel« , écrit David. « Il s’agit de se relâcher, de se calmer et de vivre avec plus de présence. »
Lisa Gimond
Institut Français du Leadership Positif